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Ils font bouger le fenua : Nicolas Buray
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Les nouvelles de Tahiti : 16-04-2013
Nicolas Buray a commencé à observer les requins citron à Moorea en 2004. Tout en poursuivant ses recherches, il a créé un site de compilation de données alimenté par et pour les passionnés de requins.
Nicolas Buray plonge depuis qu’il a 19 ans. Il est venu en Polynésie pour y rencontrer les requins en 1998, il n’est jamais reparti. “L’Observatoire des requins de Polynésie (ORP) a pour but de collecter et de compiler toutes les informations disponibles sur les différentes espèces de requins et de raies présentes en Polynésie. L’objectif est d’estimer leur stock, cartographier leur répartition et suivre l’évolution de ces différentes populations insulaires sur le long terme”, peut-on lire sur le site
www.orp.pf
. “C’est un outil de partage des connaissances, ajoute Nicolas Buray, le fondateur du site. Après deux années de fonctionnement nous comptons 13 000 visiteurs et 3 200 fiches renseignées. Les internautes qui nourrissent la base de données sont à 80% des moniteurs de plongée qui voient leur cote augmenter en fonction de leur assiduité. Les intérêts sont multiples”.
Le site a vu le jour en 2010 mais son histoire commence en 2004.
Nicolas Buray est sur le territoire depuis 1998. “Je suis moniteur de plongée depuis que j’ai 19 ans. J’ai travaillé dans différents endroits du monde et je suis venu en Polynésie car c’était à l’époque l’un des rares endroits de la planète où l’on pouvait observer différentes espèces de requins au cours d’une même plongée”. Il s’installe à Moorea. Comme tout le monde à l’époque, il s’intéresse de près à la mascotte de l’île, Leone, une grosse femelle requin citron. “Après sa disparition en mars ou avril 2004, je me suis aperçu qu’elle n’était pas la seule ! Les requins citron sont très nombreux et j’ai commencé à les observer plus attentivement. À chacune de mes plongées je comptais, repérais, suivais les individus. Puis une fois hors de l’eau, je consignais, et je consigne toujours d’ailleurs, toutes mes observations”. Le travail de Nicolas Buray arrive aux oreilles des chercheurs du Centre de recherche insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe) de Moorea. “Ils m’ont proposé de structurer mon activité et c’est ainsi que j’ai passé un diplôme de l’École pratique des hautes études. Mon étude avec le centre a duré quatre années”.
Au fil du temps,
Nicolas Buray constate que certains plongeurs de son entourage, amateurs ou professionnels, ont eux aussi ce réflexe de suivi des individus. En revanche, ils ne bénéficient pas du soutien du Criobe. D’où la construction du site. Pour l’occasion, deux amis rallient Nicolas Buray. Philippe Billard, président de l’association orp, est le webmaster du site, et Johann Mourier, docteur en biologie assure la caution scientifique. Ensemble ils récoltent toutes les fiches de tous les volontaires qui veulent bien se prêter au jeu. À savoir, remplir une ou plusieurs fiches à la suite d’une plongée : date, heure, localisation, courant, profondeur, espèce(s) de requins et/ou de raie(s) rencontrées, nombre d’individus, taille,… Pour l’heure, il s’agit d’accumuler des données.
Plus tard,
il sera question de répondre aux attentes des différentes stratégies actuelles mises en place dans le cadre du développement durable en termes de protection par exemple. “Mieux nous connaîtrons les espèces et leurs habitudes de vie et plus il sera facile de gérer leur préservation en gérant les activités économiques et touristiques qui les entourent”, explique Nicolas Buray. Grâce à ses efforts, la communauté scientifique connaît un peu mieux les mœurs du requin citron. À Moorea vivent 43 adultes, dont 12 sont résidents. Au sein de cette population, un phénomène étrange se produit à la saison des amours, entre fin août et début novembre. Tous les mâles résidents quittent les lieux. Ils sont remplacés par des mâles de passage, probablement pour éviter la consanguinité. Par ailleurs, il était admis que les requins citron ne se déplaçaient peu ou pas, jusqu’à ce que l’équipe de l’observatoire découvre qu’une femelle de Moorea était allée mettre bas à Rangiroa. Jusqu’alors aucune étude n’avait été menée sur le requin citron en Polynésie. “Les dernières données remontaient à 1983, dans l’océan Indien, elle concernait le cycle reproductif de l’espèce”. Les scientifiques et/ou protecteurs des espèces de raies et requins ne sont pas les seuls bénéficiaires de l’histoire. Les “simples” plongeurs et amateurs de belles rencontres y trouvent aussi leur compte. En feuilletant les newsletters du site, ils apprendront que la présence du requin bouledogue dans les eaux polynésiennes est confirmée, que les requins baleine sont de plus en plus souvent observés ou bien encore que des raies violettes passent à Rangiroa.
Carnet de route
• Nicolas Buray est né en Normandie en 1975
• Il est moniteur de plongée depuis l’âge de 19 ans et a travaillé dans différents endroits du monde
• Il est arrivé en Polynésie en 1998
• Il a commencé à étudier les requins citron en 2004
• Soutenu par le Centre de recherche insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe) il poursuit ses recherches pendant 4 années
• Il crée le site
www.orp.pf
en 2010
Delphine Barrais